Ami et Physicien personnel du Bouddha
Le Rue-Si Dat Ton est le yoga traditionnel de la Thaïlande dont les origines remontent à 2500 ans et c'est ce yoga qui donna naissance au massage traditionnel thailandais, le Nuad Bo'Rarn. Le père de ces pratiques est le Dr Shivago connu sous le nom de Jīvaka Komārabhacca en Pali et de Jīvaka Kaumārabhṛtya en Sanskrit. Les Thailandais l'appellent Dr Shivago or Dr Shivago Komarpa.
Ami et physicien personnel du Bouddha, le Dr Shivago est honoré tout au long de l’histoire asiatique par les bouddhistes et, dans une certaine mesure, par les guérisseurs extérieurs au bouddhisme, en tant que médecin modèle et saint bouddhiste.
Jusqu'à nos jours, il est honoré par les Indiens et les Thaïlandais en tant que mécène de la médecine traditionnelle et il joue un rôle central dans toutes les cérémonies impliquant la médecine traditionnelle thaïlandaise (massage Nuad Bo'Rarn par exemple).
Il a acquis une grande réputation en tant que chirurgien ayant mené avec succès des opérations telles que la craniotomie (incision chirurgicale dans le crâne) et la laparotomie (incision chirurgicale dans la paroi abdominale). Il était connu pour guérir la jaunisse, la fistule et d’autres maladies. La renommée du Dr Shivago en tant que guérisseur et spécialiste de l’enfance était largement connue ; et des récits sur sa vie et ses prouesses médicales se trouvent dans presque toutes les versions des écritures bouddhistes.
L’histoire du Dr Shivago est élaborée en quatre versions : la Pali ; le sanskrit ; le chinois; et le Tibétain.
Un début de vie dans l'abandon
Le Dr Shivago est né à Rājagṛha (aujourd'hui Rajgir, petite ville située près de Bodhgaya, lieu d'éveil du Bouddha où nous organisons régulièrement des voyages bouddhistes).
Sa mère était une courtisane qui le fit jeter aux ordures par un esclave. Alors qu'il traversait la ville comme à son habitude, le prince Abhaya, fils du roi Bimbisāra, aperçut une volée de corbeaux croissant bruyamment tout en effectuant de larges cercles. Intrigué, il s'arrêta et chercha la source de cette agitation. C'est ainsi qu'il trouva le nouveau-né au milieu des détritus.
Il nomma le bébé Jivaka qui signifie « celui qui est vivant » et Komārabhacca, qui signifie « adopté par un prince ». A partir de ces lignes, nous l'appellerons Jivaka.
Une aspiration de Bodhisattva
Jivaka menait une vie de prince au palais bien que ses amis le taquinaient souvent car il n'avait pas de mère. Interrogeant son père sur ses origines, il aspira alors à ce qu'un jour il puisse être un sauveur de vies. N'ayant ni véritable famille ou héritage puisque adopté, les médecins étant traités avec grand respect pour leur dédication à sauver les vies. Inspiré par cette démarche, il renonça au trône afin d'étudier les traités de la médecine ayurvédique.
Il a été formé pendant sept ans à Takṣaśilā par un ṛṣi (voyant) appelé Ātreya Punarvasu, qui, selon les textes tibétains, était le médecin du père de Bimbisāra. Atreya a aidé Jīvaka à développer ses capacités d'observation et Jivaka devint connu pour ses pouvoirs d'observation, suscitant la jalousie auprès de ses collègues étudiants.
Extrêmement doué, il finalisa ses études et examens en sept années seulement alors que celles ci étaient habituellement réalisées sur onze années.
Les textes tibétains et sanskrits indiquent qu'il avait dû effectuer l'examen de la forêt pour démarrer ses études alors que d'autres indiquent que cet examen vint à la fin.
Pour cela, le professeur Atreya lui demanda d'aller rapporter toutes les plantes, herbes ou racines qui ne pourraient pas être utilisées à des fins médicinales et curatives. Après avoir voyagé très loin, Jivaka retourna voir son professeur pour l'informer qu'aucune plante, herbe ou racine de ce type n'existait. Tous les trésors de la nature étaient bénéfiques à la préservation de la vie.
Le professeur l'a alors félicité avec joie du fait que son éducation était complète et qu'il avait dépassé ses connaissances.
Après que Jīvaka ait réussi le test, il a ensuite été admis et a appris au centre pendant plusieurs années ; là, il commença à démontrer sa supériorité médicale.
Une foi inébranlable dans le bouddhisme
En plus de son savoir médical, Jīvaka possédait une foi inébranlable dans le bouddhisme.
Surnommé le "Roi de la médecine", les premiers textes bouddhistes traduits en chinois parlaient de lui en utilisant une terminologie similaire à celle utilisée pour les bouddhas et les bodhisattvas.
Les textes bouddhistes relatent que le Bouddha avait déclaré qu'il était le premier parmi les laïcs à être aimé des gens et les textes pali le citent comme exemple de quelqu'un ayant une foi inébranlable dans le bouddhisme.
Sa vie entière a été consacrée à aider tous les êtres sensibles, lequel est le but ultime du bouddhisme, la voie du Bodhisattva.
Le médecin du Bouddha et des moines
Alors que le Bouddha était le guérisseur de l'humanité, Jivaka, médecin et chirurgien, devint le guérisseur du corps physique du Bouddha. Jivaka a soigné tous les moines (Bhikkhus).
Il a apporté beaucoup de changements positifs dans la vie des Bhikkhus, bien qu'il soit resté un disciple laïc du Bouddha.
Il existe un discours célèbre, le Jivaka Sutra, dans lequel Jivaka se demande pourquoi Bouddha accepte de manger de la viande, ce qui semble être en conflit avec le concept de non-violence. Le Bouddha explique que si un animal n'a pas été tué dans le but d'être consommé par le Bouddha ou les Bhikkhus, il est acceptable de manger cette viande. (NDLA : pour ceux qui seraient étonnés de lire cela, sachez que c'est en lien avec le fonctionnement karmique, l'intention étant à la base de l'activation karmique).
A cette période, les moines portaient des haillons prélevés sur des cadavres, dans une tentative de montrer un renoncement complet, mais cette pratique entraînait de nombreuses maladies. C'est l'influence de Jivaka qui a finalement rendu les robes fraîchement cousues acceptables pour les moines, évitant ainsi de nombreuses maladies.
C'est Jivaka qui a également influencé le Bouddha pour que les moines fassent de l'exercice afin de prévenir les maladies métaboliques causées par une mauvaise alimentation et le manque d'exercice.
Jivaka était influent et a joué un rôle important dans la propagation du bouddhisme dans le monde entier.
Physicien et Chirurgien
Jivaka n'était pas que physicien. Il a joué un rôle important dans le développement de la chirurgie.
De nombreuses interventions chirurgicales lui ont été attribuées, ainsi qu'une variété de traitements médicaux.
Parmi les chirurgies que l'on peut lui attribuer nous pouvons noter :
une chirurgie de la fistule-in-ano réalisée sur le roi Bimbisara. C'est cette procédure qui l'a rendu célèbre
la craniotomie (Susabadho) afin d'éliminer ce qui était probablement des parasites (« panaka ») ou des caillots était l'une de ses autres opérations célèbres, mentionnée dans presque tous les textes. Il a effectué cela sur un commerçant qui souffrait de maux de tête chroniques intenses.
la chirurgie d'un volvulus. Jivaka a opéré un jeune dont les intestins s'étaient « emmêlés ». Jivaka a fait une laparotomie, a déroté les intestins et les a suturés dans la bonne position. Il existe une description similaire pour une hernie étranglée.
le retrait d'un corps étranger du pied du Bouddha : un éclat de roche s'est enfoncé dans le pied de Bouddha qui avait été lancé par son rival Devadutta. Il a été extrait à l’aide d’un petit couteau « Khaja »
la chirurgie de l'hydrocèle (andavuddhi). L’opération impliquait d’ouvrir l’enveloppe des testicules et de retirer un « bija » dur.
Le Bouddha est une personne réelle, une personne sage, compatissante, douce, indépendante et mature qui a marché et vécu sur cette terre. Il a rencontré de nombreux problèmes ; mais, plus important encore, il les a surmontés avec raison et dignité. Il souffrait de blessures, de maladies, de constipation, de diarrhée et d'autres affections liées à la vieillesse. Chaque fois qu’il avait besoin d’aide, il demandait de l’aide. Mais on ne le voit jamais perdre son sang-froid.
Les maux du Bouddha furent traités avec succès par Jivaka qui prit soin de lui presque jusqu'à ce que celui-ci décide de quitter son corps mortel à un âge avancé. Jivaka n’était malheureusement pas présent à ce moment-là, le Bouddha étant mort d'empoisonnement alimentaire.
Un être hautement réalisé
Les textes pāli indiquent que par son dernier souffle il atteignit "l'état d'entrée dans le courant" ((Pāli: Sotāpanna; Sanskrit: Śrotāpanna). Il s'agit du premier stade de l'Eveil.
Selon les traditions textuelles sanscrites, Jīvaka est le neuvième des seize Arhats, disciples chargés de protéger l’enseignement du Bouddha jusqu’à l’apparition du prochain Bouddha.
Selon la légende, il vit toujours quelque part entre l'Inde et le Sri Lanka, sur le sommet de la montagne « Gandhamadana ».
Une renommée sans fin
Le nom de Jivaka est devenu synonyme d'homme miraculeux au fil des décennies et des siècles.
Des thérapies qui n'étaient probablement pas connues en Inde à cette époque, comme l'acupuncture, furent plus tard attribuées au grand médecin et chirurgien.
Ses enseignements ont voyagé en Thaïlande avec le bouddhisme, vers les IIe et IIIe siècles avant JC. Les massothérapeutes thaïlandais considèrent également Jivaka comme le père du massage thaïlandais, l'appellent Dr Shivago et respectent ses méthodes, encore aujourd'hui.
Les Chinois le considèrent comme le plus grand de tous les médecins anciens.
Le mantra du Dr Shivago
Dans la tradition du bouddhisme Theravada, il est d'usage d'utiliser des mantras comme cela est le cas dans les traditions bouddhistes Mahayanna et Vajrayanna.
Dans la tradition Theravada, avant de commencer une pratique ou une session de soin, les thérapeutes ou les pratiquants effectuent un rituel en respect au Dr Shivago et récitent un mantra.
Voici ce mantra en Pāli :
Om Namo Shivago Silasa Ahang Karuniko Sapasatanang Osatha Tipa Mantang Papaso Suriya Jantang Gomalapato Paka-Sesi Wantami Bantito Sumethasso Arokha Sumana-Homi
(répéter 3 fois)
Piyo-Tewa Manussanang Piyo-Proma Namuttamo Piyo Nakha Supananang Pininsiang Nama-Mihang Namo Puttay Navon-Navien Nasatit-Nasatien Ehi-Mama Navien-Nawe Napai-Tang-Vien Navien-Mahaku Ehi-Mama Piyong-Mama NamoPuttaya
(1 fois)
Na-A Na-Wa Lokha Payati Vina-Shanti
(répéter 3 fois)
Voici la traduction que je propose de ce mantra. (NDLA : Cette traduction est faite empreinte de ma compréhension du Bouddhisme. J'ai ainsi modifié/supprimé les terminologies religieuses qui me semblaient déplacées dans le contexte d'une compréhension bouddhique basée sur la vacuité) :
« Hommage au Docteur Shivago, emblème de la dignité et de la perfection de l'éveil.
Nous invitons son énergie à nous toucher grâce à sa pure vision. Que cette connection nous apporte la connaissance de tous les éléments de la nature, afin que cette aspiration nous révèle la véritable médecine de l'univers.
Par ce mantra, nous respectons cette connexion à la lumière de la connaissance, qui est comme la lumière du Soleil et de la Lune et nous aspirons à ce que cette énergie génère la plénitude et rétablisse la santé des corps de nos patients.
La déesse de la guérison demeure dans les cieux, tandis que l’humanité reste dans le monde d’en bas. Au nom de cette énergie universelle, que les cieux se reflètent sur la terre d'en bas afin que le monde entier soit guéri.
Nous vous honorons, nous honorons le Bouddha, nous aspirons pour que cette médecine curative puisse enveloper le monde.
Nous aspirons pour que celui (celle) que nous touchons, soit heureux, en paix et qu'il (elle) soit libéré de toute maladie."
Ce mantra est récité mentalement par les praticiens avant tout massage Nuad Bo'Rarn, ainsi que par tous les pratiquants du yoga Ruesi Dat Ton avant toute pratique. Ces 2 pratiques découlant directement de la médecine traditionnelle bouddhiste thaïlandaise et donc du Dr Shivago.
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